Le rhumatisme articulaire aigu

Le rhumatisme articulaire aigu, que nous désignerons par ses initiales R.A.A., frappe surtout les enfants. C’est dire d’emblée qu’en parler n’est pas très plaisant.

Un terrible fléau social

De toutes les maladies qui peuvent tuer les enfants ou les jeunes en général, le plus terrible est bien le R.A.A.

Veut-on des chiffres ? Il y a quelques années, il y avait aux Etats-Unis 1000000 de sujets atteints d’une maladie de coeur due au rhumatisme et 40000 en mouraient chaque année.

En France le nombre de décès par rhumatisme cardiaque s’élevait à plus de 15000 par an.

Ces chiffres sont suffisamment éloquents.

Rhumatisme articulaire aigu ou R.A.A.

Rhumatisme articulaire aigu ou R.A.A.

Heureusement, on assiste depuis quelque temps à une baisse considérable de la fréquence et de la gravité du R.A.A.

Les progrès sont dus à la prophylaxie de la maladie mais elle n’est, hélas, pas encore appliquée dans tous les pays.

Ainsi, dans les pays en voie de développement, le R.A.A. est encore responsable d’une mortalité importante.

Et si dans nos régions, la prophylaxie se relâchait un tant soit peu, nous pourrions assister à un retour offensif de la maladie… car elle existe toujours.

La victime : un enfant

Le problème est d’autant plus douloureux que la maladie atteint surtout l’enfant. Le R.A.A. frappe entre 5 et 25 ans, et surtout entre 7 et 12 ans.

Hier, le R.A.A.

Tout part d’une simple angine

La crise éclate en général une dizaine de jours après l’angine. L’angine était banale, angine rouge avec parfois des points blancs.

Elle a disparu en quelques jours.

Souvent, elle est déjà oubliée. On la croyait guérie, quand apparaît le rhumatisme.

Une angine

Une angine

Un rhumatisme violent, mobile mais passager

Brusquement, presque du jour au lendemain, la fièvre se rallume, dépassant souvent 39° ; l’enfant est au lit, pâle, couvert de sueur.

Il souffre beaucoup, genoux, épaules, poignets, chevilles sont fortement enflammés : gonflés, chauds, même un peu rouge.

L’enfant les garde immobiles, ne veut pas qu’on les bouge ni même qu’on les touche tant il a mal.

Mais l’inflammation est curieusement baladeuse.

Un genou qui, la veille encore était gros et atrocement douloureux, se trouve brusquement, du jour au lendemain, dégonflé et indolore, tandis que l’autre genou, par exemple, ou bien l’épaule ou le poignet gonfle à son tour. Et ainsi de suite…

On pourrait craindre que ces atteintes aiguës ne menacent l’avenir des articulations.

Il n’en est rien. Très sensibles aux traitements, elles vont guérir rapidement, sans laisser de trace.

Alerte au coeur

Mais il est urgent et de la plus haute importance de dépister précocement le R.A.A. pour enrayer son évolution.

Non pas pour protéger les articulations puisqu’elles sortiront toujours indemnes de la crise.

Le danger est au coeur.

Chaque jour, le médecin pose longuement son stéthoscope sur la poitrine de l’enfant.

Sachant que l’atteinte du coeur est souvent silencieuse, il en guette attentivement les signes et fait faire des électrocardiogrammes.

Pendant toute la durée de la maladie, il n’a qu’une hantise : l’atteinte cardiaque.

Parfois, l’inflammation se porte sur le péricarde, cette membrane qui enveloppe le coeur comme la plèvre enveloppe les poupons.

Elle peut donner lieu à des troubles impressionnants : douleurs, étouffements.

Cependant, elle guérit rapidement sous l’effet du traitement.

Plus grave est la complication quant l’inflammation se porte sur le muscle du coeur ou myocarde.

Cette atteinte peut être très sévère.

Pendant longtemps, la médecine fut impuissante jusqu’au jour où la cortisone permit enfin de la combattre.

Mais ce que le médecin redoute par-dessus tout, c’est l’atteinte de la paroi interne du coeur : l’endocarde, qui va léser les valvules et laisser des cicatrices indélébiles, à l’origine de graves maladies cardiaques.

Le rétrécissement mitral est l’une des plus sérieuses pour l’avenir.

La chirurgie du coeur permet aujourd’hui de traitement certaines lésions autrefois mortelles.

Mais la seule vraie solution est de chercher à en empêcher l’apparition en combattant le R.A.A.

Le R.A.A. aujourd’hui

De nos jours, le tableau n’est plus du tout le même. Le R.A.A. a changé de visage.

Voici la forme la plus fréquemment rencontrée : de la fièvre et des douleurs articulaires.

Un enfant a une angine apparemment banale.

10 à 15 jours plus tard, il se plaint de douleurs au niveau d’une ou 2 articulations mais sans signes bien nets d’inflammation locale et sans que la température dépasse 37°5 ou 38°.

Au bout d’un jour ou 2, la douleur disparaît. S’agit-il d’un R.A.A. ?

Il existe parfois une inflammation des articulations avec des troubles du rythme cardiaque et c’est tout.

Enfin, il peut s’agir d’une angine avec de la fièvre sans atteinte articulaire.

Mais cette angine est bien particulière car elle est due au streptocoque.

sur 1000 angines à streptocoque, 1 seule va se compliquer de rhumatisme.

Mais ce chiffre est encore inacceptable dans la mesure où l’on dispose d’un traitement simple qui devrait supprimer tout risque de rhumatisme et d’atteinte du coeur.

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